Quelle est la valeur du travail? Passé, présent et futur de la classe ouvrière et des études sur le travail.


Quelle est la valeur du travail? Passé, présent et futur de la classe ouvrière et des études sur le travail.

Université du Québec à Montréal, 14 et 15 novembre 2025.


En 1976, le Comité canadien sur l’histoire du travail (CCHT) lançait sa revue Labour/Le Travail afin d’inviter les personnes chercheuses, enseignantes, syndicalistes, militantes et engagées dans l’histoire publique à imaginer de nouvelles approches de production et de diffusion des connaissances sur le travail. À l'approche du cinquantième anniversaire de la revue, nous invitons toutes les personnes intéressées à échanger autour de l’actualisation de cette réflexion sur les enjeux du travail, de la classe ouvrière et des mouvements sociaux.


Au moment de sa création, la revue répondait à un contexte de profonde transformation du capitalisme et de grandes mobilisations syndicales et militantes. La crise du capitalisme industriel, marquée notamment par le chômage, l’inflation et la désindustrialisation, a entraîné la formulation du projet néolibéral proposant d’affranchir le capital du pouvoir régulateur du travail et de l’État. Ce n’était toutefois pas la seule vision du futur qui était formulée à ce moment. Le mouvement ouvrier, notamment, était au centre d’une grande mobilisation militante visant à dénoncer le pouvoir antidémocratique du capital et revendiquer la fin des inégalités sociales basées sur la classe, le genre, la race, la langue ou l’ethnicité. Bien que traversé par de fortes tensions, le mouvement ouvrier a tout de même réussi à développer de nombreux réseaux de solidarité locale, régionale, nationale et transnationale. C’est dans ce contexte que l’équipe de Labour / Le travail a ouvert les pages de la revue à des analyses diverses consacrées à la vie et à la culture ouvrière, ainsi qu’aux luttes sociales et politiques du mouvement ouvrier, en étant convaincue que ces enjeux étaient d’une grande pertinence pour le présent et l’avenir.


Cinquante ans plus tard, la revue poursuit son projet dans un contexte très différent, mais qui n’en partage pas moins des caractéristiques très familières. Le mouvement ouvrier n’a certainement plus le même pouvoir que dans les années 1970, mais une nouvelle génération de syndicalistes et d’activistes poursuit toujours la lutte pour la justice sociale. Cette nouvelle génération combat toujours contre certaines manifestations très familières du pouvoir du capital, que ce soit ses pratiques antisyndicales et de division de la classe ouvrière, l’impact inflationniste de ses stratégies de contrôle de l’économie ou les graves conséquences de ses décisions sur le développement démocratique des collectivités. Elle mène toutefois ses luttes dans un contexte où le capital industriel a perdu beaucoup de terrain au profit du capital financier, devenu le principal agent d’accumulation au Canada et dans les autres pays occidentaux. Plus éloigné des lieux de travail, le capital financier échappe plus aisément aux luttes du mouvement ouvrier et plus largement au contrôle du pouvoir législatif de l’État. Ce développement a affaibli le mouvement ouvrier dans le secteur privé, où les stratégies de rentabilité du capital financier ont généralement été imposées le plus directement. Les organisations syndicales du secteur public ont, de leur côté, été confrontées à des politiques néolibérales justifiées en fonction des impératifs de la dette publique et de la concurrence mondialisée pour attirer les faveurs du capital. 


Cette dynamique a grandement fragmenté le monde du travail, contribuant à la création d’organisations et de réseaux plus autonomes des institutions traditionnelles du mouvement ouvrier. Cette constellation de mouvements sociaux a milité en faveur de la lutte contre diverses formes d’oppression et d’inégalités qui ne relèvent plus principalement des lieux de travail, ainsi que celle contre les impacts environnementaux dévastateurs du capitalisme. En conséquence, si la pertinence sociale et intellectuelle du travail et du mouvement ouvrier faisait peu de doute au moment de la création de la revue Labour / Le travail, celle-ci ne semble certainement plus aussi évidente aujourd’hui. C’est pourquoi nous invitons les personnes chercheuses, enseignantes et activistes à se rassembler afin de réfléchir au passé, au présent et à l’avenir de la classe ouvrière et des études sur le travail. Quelle est, fondamentalement, la valeur du travail aujourd’hui?


En préparation du 50e anniversaire de la revue en 2026, le comité d’organisation invite les personnes chercheuses, activistes ou engagées dans l’histoire publique à soumettre des propositions de communications et de panels explorant le passé, le présent et l'avenir du travail. 


Voici une liste non exhaustive des thématiques et des questions pouvant faire l’objet d’une proposition :


  • Pourquoi les études sur le travail, y compris en histoire publique, sont-elles toujours importantes? Quelles ont été les principales avancées et limites des contributions des études sur le travail des cinquante dernières années? Comment les personnes impliquées dans la recherche et la diffusion des enjeux du travail ont-elles renouvelé leurs approches pour faire face à une conjoncture difficile, comme c’est le cas aujourd’hui? Quels enjeux du passé et du présent devraient être réévalués et présentés différemment pour répondre aux défis actuels? 


  • Quelles leçons les personnes salariées d’aujourd’hui, confrontées à de nouvelles transformations du travail, du capitalisme et du rapport à l’environnement, peuvent-elles tirer de l'étude de la classe ouvrière du passé? À l’inverse, en quoi les luttes actuelles des personnes salariées peuvent-elles contribuer à approfondir notre compréhension des luttes qui ont caractérisé toute l’histoire du mouvement ouvrier? Comment diverses mobilisations ont-elles permis, par exemple, de mieux reconnaître d’autres formes de travail que le travail salarié dans le passé et le présent (bénévolat, travail domestique, travail étudiant, stages)?


  • Comment les études sur le travail peuvent-elles mieux rendre compte, tout à la fois, de la spécificité des contextes de lutte et de la similitude des enjeux globaux découlant de la structure du capitalisme? Nous invitons donc les présentations de recherche ou de diffusion des connaissances portant sur différents contextes historiques et géographiques, ainsi que sur leurs impacts dans le croisement des enjeux liés à la classe, au genre, à la race, à l’ethnicité, à la langue ou autres. Comment le mouvement ouvrier, la gauche et d’autres mouvements sociaux ont-ils pu collaborer autour d’objectifs communs ? Quelles leçons pouvons-nous tirer de l’expérience de ces collaborations ?


  • Qu’est-ce que les personnes chercheuses peuvent apprendre des personnes engagées dans la diffusion et l’histoire publique des enjeux du travail ? Comment assurer une collaboration efficace entre les milieux de la recherche, de l’enseignement et de l’histoire publique ? Comment mieux soutenir les groupes communautaires dans leurs efforts de préservation et de développement de la mémoire ouvrière et militante ?


  • Comment les études sur le travail peuvent-elles nous permettre de comprendre l’évolution politique des mouvements de gauche et de droite ? Comment approfondir notre compréhension de l’attrait d’une partie de la classe ouvrière pour les populismes de droite et d’extrême droite ?


Soumettre une proposition:

Les propositions pourront prendre la forme d’une communication individuelle, d’un panel, d’un atelier ou d’une table ronde. Les communications pourront être présentées tant en anglais qu’en français. Faites parvenir votre proposition ici:

https://forms.gle/tBaf5uz6fzMoDAYQ9


Date limite:

La date limite pour soumettre une proposition est le 14 mars 2025. Veuillez SVP inclure le titre de la communication, un résumé de 250 mots, et une notice biographique de 150 mots. 


Lieu:

Le colloque aura lieu à l’Université du Québec à Montréal, les 14 et 15 novembre 2025.


Frais de déplacement et d’hébergement:

Selon les fonds disponibles, les frais de déplacement et d’hébergement des personnes conférencières pourraient être remboursés. Le remboursement des frais des personnes en situation de précarité sera priorisé par le comité organisateur.


Questions? info@cclh.ca



Comité d’organisation:

Edward Dunsworth, Kassandra Luciuk, Benoit Marsan, Kirk Niergarth, Martin Petitclerc, Camille Robert, Joan Sangster


 

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